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9 décembre 2012

Romance post-humaine

- Wall·e  -

(2008)

Andrew Stanton 

 

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Wall-e est un petit robot, c'est aussi l'un des tous derniers habitants de la Terre, cette planète sinistrée, véritable monde-poubelle de par la négligence humaine, monde qu'il a par ailleurs pour mission de nettoyer. Ce qu'il fait, de manière routinère. Depuis 700 ans. Jusqu'à ce jour où la jolie sonde Eve débarque sur Terre. Et dans sa vie.

 

Dans une société qui entérine insidieusement cette vision effroyable d’une civilisation réduite à un ventre énorme, estomac collectif en proie à un appétit éternellement insatiable, et où l’esprit est un ventre, le cœur est un ventre, Wall-e exhume les fossiles de l’Humanité, re-raconte la préhistoire des sentiments, réécrit l’équation primitive des relations, et emballe son miracle dans les velours nostalgiques des débuts du cinéma.

 

Il faut voir quelle puissance émotionnelle se dégage de l’abnégation totale de ces imitations de vie (Wall-e et Eve) dans leur périple plein d’embuches pour la préservation d’une véritable forme de vie ! Il y a quelque chose d’infiniment et de simplement touchant dans la précaution avec laquelle les deux robots manipulent ce précieux et fragile embryon de fleur.

 

Alors que la décennie s’est achevée par le triomphe d’un film qui nous montrait la triste commémoration de la mort d’un regard sur le vrai du monde, de l’abandon d’un corps devenu infirme, du déracinement d’un homme d’avec la terre malade qui l’a vu naître et d’avec son espèce, véritable promotion de la séduction du virtuel, devenu ce vrai-faux dernier Eden de l’idéal, de l’absolu, des relations, Wall-e est une célébration salvatrice de la redécouverte essentielle du vrai, du réapprentissage du langage entre les êtres et du contact entre les corps, plein d’aspiration à la réconciliation d’avec ce monde qu’on a abîmé et abandonné - mais d’où l’on vient - de la remise en mouvement d’un corps infirmé par la prison des interfaces virtuelles. Quelle gageure pour un film d’animation où tout est factice que de délivrer une telle publicité pour le Vrai ! Jusque dans son travail pictural qui investit de manière confondante les textures dans une bluffante reproduction de l’authentique, de la rouille de la carcasse de Wall-e jusqu’au fuselage glossy d’Eve, donnant au film une impression quasiment tactile, et où jurent la présence d’une humanité qui, dans sa dépendance au virtuel, n’est plus qu’une foule artificielle de personnages… virtuels.

 

Rythme trépidant de la narration, capacité d’émerveillement hors du commun, euphorie galvanisante de séquences de pure poésie (ce ballet spatial entre les robots, …), humour dévastateur, attachement infini à ses personnages, optimisme salutaire qui ne vient jamais masquer l’écho lointain mais pertinent du cri d’alarme lancé par le film… Pixar atteint ici son altitude de croisière, et nous met définitivement le cœur en apesanteur.

 

Et ça fait un bien fou !

 

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